Les sciences du langage : un domaine de recherches à réorienter

Depuis le milieu du XX° siècle, les Sciences du Langage[SdL] ont connu un développement rapide, d’abord sur la côte est des Etats-Unis autour du MIT, puis dans les deux Allemagnes en attente de réunification et à nouveau aux Etats-Unis, cette fois sur la côte californienne, enfin dans d’autres pays européens.

Cependant ce développement reste depuis trop longtemps dominé par la formalisation des structures syntaxiques et par une vision de l’acquisition de la langue maternelle qui met en avant l’hypothèse incertaine de prédispositions innées spécifiques au langage, au détriment des autres capacités cognitives, et qui sous-évalue l’effet des signaux échangés avec le milieu humain. Cette orientation dominante privée d’échanges constructifs avec les autres sciences de l’esprit humain et de la nature a fini par isoler les SdL et tarir leurs sources d’inspiration.

Deux chercheurs renommés en sciences cognitives, Morten Christiansen (université Cornell aux USA) et Nick Chater (Warwick Business School en Grande-Bretagne), défendent, dans de nombreuses publications communes, la nécessité de rétablir l’ensemencement réciproque entre les SdL et leur environnement scientifique naturel, les sciences de l’homme et de son esprit. Leur article Towards an integrated science of language, paru en 2017 dans la revue Nature Human Behaviour et destiné à un large public, résume leur souhait que les SdL reprennent leur place dans des projets interdisciplinaires partagés avec ces sciences connexes.

On trouvera ici l’édition bilingue de cet article, précédée d’un commentaire introductif destiné à rappeler l’historique de cet isolement et les efforts d’une partie croissante de la communauté des linguistes pour y remédier.

 

J. François Trad.-Comm. de Christiansen & Chater 2017